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Les myiases : des larves dans la peau
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De retour d’un voyage sous les tropiques, vous constatez un bouton que vous avez du mal à identifier ? La lésion ressemble à un abcès et vous avez une sensation de corps étranger mobile sous la peau… Vous avez peut-être attrapé une myiase !
En effet, certaines larves de mouches, provenant notamment d’Amérique latine ou d’Afrique de l’Ouest, entraînent une infection parasitaire chez l’être humain.
Mais comment reconnaître les myiases ? Et comment se débarrasser d’un asticot dans la peau ?
Qu’est-ce que la myiase ?
La myiase est une maladie causée par une larve de mouche (asticot) de la famille des diptères, chez l’homme ou chez l’animal. Les personnes contractent généralement cette affection lors d’un séjour dans des régions tropicales ou subtropicales¹. Les myiases sont plus rarement retrouvées en Europe.
L’infestation cutanée peut être de différents types :
- sous-cutanée ou furonculeuse ;
- dans les plaies ;
- dans les cavités naturelles ;
- migratoire ou rampante.
La myiase sous-cutanée ou myiase furonculeuse
Les myiases sous-cutanées sont les plus fréquemment importées en France. Elles concernent notamment :
- Le ver de Cayor Cordylobia anthropophaga (mouche Tumbu), originaire d'Afrique de l'Ouest. La mouche Tumbu ne pique pas, mais dépose ses œufs sur le sol ou sur des tissus humides, tels que les draps ou les vêtements. Les personnes en contact cutané avec les œufs sont alors contaminées.
- Le ver macaque Dermatobia hominis (mouche humaine) qui provient d'Amérique latine. Ce diptère capture des moustiques, puis pond sur leur abdomen avant de les relâcher. Dès qu'un moustique contaminé pique une personne, celle-ci est parasitée par le ver macaque.
Une fois les œufs éclos, les asticots s’enfoncent rapidement dans la peau, parfois jusqu’à 1 cm, sans causer de douleur.
La myiase des plaies
Cette myase survient quand la mouche dépose ses œufs dans une plaie ouverte souvent purulente. Les larves se nourrissent alors des tissus et des exsudats pour se développer.
La myiase des plaies est causée par de nombreux diptères, et notamment par les mouches vertes et bleues. Les asticots mangent les chairs mortes, mais certaines espèces s’attaquent aussi aux parties saines. Par exemple, la larve de la mouche bouchère Cochliomyia hominivorax d’Amérique centrale se nourrit exclusivement de tissus vivants !
Les facteurs qui favorisent la myiase des plaies sont le plus souvent :
- une mauvaise hygiène ;
- les conditions de vie difficiles (précarité, sans-abris) ;
- un âge avancé ou très jeune ;
- les troubles psychiatriques ;
- les déficiences intellectuelles ;
- le diabète, l'alcoolisme ou une maladie vasculaire périphérique.
À savoir : l’asticothérapie consiste à recourir à des larves pour nettoyer les plaies complexes. Les mouches Lucilia Sericata utilisées sont élevées dans des conditions stériles. Elles se nourrissent uniquement des tissus morts et des produits de dégradation, sans toucher aux tissus sains.
La myiase cavitaire
Certaines larves de diptères peuvent parasiter les différentes cavités naturelles du corps humain, telles que :
- les fosses nasales et des sinus ;
- les oreilles (conduit auditif) ;
- les yeux (conjonctive oculaire) ;
- la bouche (myiase orale) ;
- la gorge ;
- et la sphère urogénitale.
Comme pour la myiase des plaies, la myiase cavitaire provient d’un manque d’hygiène et touche particulièrement les personnes défavorisées ou malades.
La myiase migratoire ou rampante
Les mouches du genre Gasterophilus et Hypoderma pondent leurs œufs respectivement sur les chevaux et le bétail, mais rarement sur l’être humain qui reste un hôte exceptionnel (impasse parasitaire). En France, les individus touchés par la myiase migratoire sont souvent des enfants. Ils sont contaminés par le pelage des animaux ou par ingestion accidentelle des œufs.
L’asticot de la mouche Gasterophilus intestinalis s’enfouit dans la peau et creuse des sillons filiformes. Pour ce qui concerne la larve d’Hypoderma bovis (mouche du varon), elle pénètre dans le tissu sous-cutané et migre dans différents endroits de l’organisme.
Symptômes : comment reconnaître les myiases ?
Reconnaître les myiases sous-cutanées
La myiase sous-cutanée présente des lésions qui ont l’aspect d’un furoncle inflammatoire. Le centre du nodule comporte une petite ouverture en cratère qui permet à l’asticot de respirer. Un écoulement peut parfois suinter de cet orifice. La myiase furonculeuse entraîne souvent un prurit (démangeaisons) et une sensation de corps étranger mobile dans la peau.
Reconnaître les myiases cutanées
Dans la myiase des plaies et des cavités, les larves de mouches se nourrissent des tissus. Elles peuvent provoquer des douleurs intenses, des saignements, des démangeaisons, une impression de mouvement et parfois une odeur fétide. Selon la cavité où se trouve la myiase, on observe :
- une obstruction des fosses nasales. Dans certains cas plus graves, le patient présente un œdème du visage avec de la fièvre et des maux de tête ;
- une sensation de bourdonnements dans le conduit auditif ;
- un gonflement au niveau des yeux avec de vives douleurs .
Reconnaître les myiases migratoires
La myiase migratoire cause le plus souvent un œdème, des lésions inflammatoires et des démangeaisons :
- L'asticot de la mouche Gasterophilus intestinalis provoque un nodule qui ressemble à la myiase furonculeuse et creuse ensuite des sillons migratoires rouges, filiformes et sinueux dans la peau.
- La larve d'Hypoderma bovis (mouche du varon) entraîne une lésion rouge et gonflée . Après quelques jours, la zone devient jaunâtre, tandis que le parasite continue à migrer dans l'organisme. Cette myiase peut donner lieu à des complications parfois graves.
Comment attrape-t-on des myiases et comment les prévenir ?
C’est le manque d’hygiène qui est presque toujours à l’origine des myiases !
Dans les zones tropicales et subtropicales en particulier, nous vous conseillons vivement d’observer les mesures de prévention suivantes :
- ne vous allongez pas directement sur le sol ;
- ne marchez pas pieds nus ;
- utilisez des moustiquaires, des rideaux anti-mouches et des pièges à insectes ;
- séchez votre linge et vos vêtements à l'intérieur, repassez-les des deux côtés avec un fer chaud pour détruire les œufs (ver de Cayor) ;
- ne portez pas des vêtements qui ont été en contact avec le sol ;
- recourez à des répulsifs et des insecticides si nécessaire ;
- évitez les endroits où les mouches et les moustiques prolifèrent ;
- gardez votre lieu de vie propre et videz souvent les poubelles ;
- désinfectez les plaies et changez les pansements régulièrement ;
- prenez soin des bébés, des personnes âgées ou alitées (bonne hygiène).
Par ailleurs, les mouches et les moustiques détestent certaines huiles essentielles, telles que la lavande, la menthe poivrée, la citronnelle, le basilic ou l’eucalyptus. Vous pouvez en faire usage dans votre maison comme répulsif naturel, avec un diffuseur d’huiles essentielles (important : ne pas utiliser chez les femmes enceintes ou allaitantes).
Quels sont les risques liés aux myiases ?
Complications des myiases sous-cutanées
Même si un risque de surinfection existe toujours, la myiase sous-cutanée n’entraîne pas de complications la plupart du temps. Les lésions disparaissent et laissent peu de cicatrices.
S’il n’est pas retiré, le ver de Cayor ou le ver macaque mature finit par quitter la peau pour continuer son cycle de vie hors de son hôte.
Complications des myiases cutanées
Ces myiases peuvent présenter des complications graves avec une infection secondaire, de la fièvre, des frissons, des saignements, ainsi que des douleurs au niveau du site infesté.
Parfois, les larves sont profondément incrustées et provoquent des lésions impressionnantes. En l’absence de traitement, elles peuvent causer d‘importants dommages : la destruction du nez, des yeux ou des oreilles, une surinfection, voire le décès.
Complications des myiases migratoires
La myiase de la mouche Gasterophilus intestinalis ne présente en général pas de difficultés particulières. L’infestation se termine souvent spontanément.
En revanche, les larves de la mouche du varon Hypodroma migrent sur de grandes distances dans l’organisme et provoquent parfois des complications (hypodermose humaine²). Celles-ci sont plutôt rares, mais potentiellement graves avec notamment des atteintes neurologiques (localisation cérébrale) ou ophtalmiques (risque de cécité).
Traitement : comment soigner la myiase ?
Soigner la myiase sous-cutanée
Le ver de Cayor ou le ver macaque ont besoin d’oxygène pour respirer. Pour asphyxier l’asticot et le faire venir à la surface de la peau, recouvrez l’orifice de la lésion par une couche de vaseline pendant 24 h.
Vous pouvez ensuite retirer la larve délicatement avec une pince à épiler ou par pression manuelle. Veillez à ne pas l’écraser pour éviter un choc allergique. Une réaction inflammatoire peut aussi survenir si le parasite meurt asphyxié dans la peau.
Parfois, un geste chirurgical avec anesthésiant local est nécessaire pour l’extirper. Le médecin prescrit souvent de l’ivermectine, un médicament antiparasitaire efficace pour tuer les asticots.
À savoir : le tétanos peut être une complication de la myiase sous-cutanée. Vérifiez si votre vaccination antitétanique est à jour.
Soigner les autres myiases
Le traitement des myiases des plaies et des cavités repose sur l’extraction manuelle de tous les asticots (parfois des centaines !) à la pince ou à la curette. Le médecin lave ensuite les plaies et les traite avec des produits antiseptiques et cicatrisants. Des antibiotiques sont souvent prescrits pour traiter l’infection secondaire.
Les larves de la myiase migratoire sont extraites par incision chirurgicale dans la mesure du possible. L’ivermectine est également efficace pour traiter cette myiase, notamment en cas d’hypodermose (mouche du varon).
Quand consulter un médecin ?
Si vous pensez avoir une myiase, n’hésitez pas à consulter votre médecin rapidement, surtout si vous revenez d’un séjour dans un pays tropical ou subtropical et que vous présentez les symptômes suivants :
- abcès ou furoncle ;
- sensation de corps étranger mobile dans la plaie ;
- douleurs ;
- prurit (démangeaisons) ;
- fièvre ;
- frissons.
FAQ
Quel est le temps d’incubation du ver de Cayor et du ver macaque ?
La durée d’incubation est d’environ :
- 7 à 10 jours pour le ver de Cayor (Cordylobia anthropophaga) ;
- 15 à 45 jours pour le ver macaque (Dermatobia hominis).
Comment éviter les myiases ?
Une bonne hygiène est primordiale pour prévenir les myiases.
N’hésitez pas à observer les consignes de prévention pour vous protéger des attaques de mouches et de moustiques (la mouche du ver macaque pond sur les moustiques).
Pour se préserver du ver de Cayor, il est recommandé d’éviter tout contact direct avec le sol et d’être très attentif aux vêtements que l’on porte (séchage à l’intérieur, repassage minutieux).
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Références / Sources
1. Myiasis in Travelers, Tamar Lachish, MD, Enbal Marhoom, MD, Kosta Y. Mumcuoglu, PhD, Moshik Tandlich, DMD, Eli Schwartz, MD. 2015.
https://academic.oup.com/jtm/article/22/4/232/2563196
2. Hypodermose humaine / Human hypodermosis, H.Bruel, C.Guiguen, S.Chevrier, B.De Geilh, E.Le Gall. 1995.
https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0399077X05803105