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Conjonctivite allergique

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La conjonctivite allergique apparaît plus souvent au printemps, chez les enfants ou les jeunes adultes. Souvent associée au rhume des foins (bien qu’elle ait de nombreuses causes), elle est majoritairement sans gravité mais fatigante pour celui qui est touché. 

Tour d’horizon des causes, des symptômes et surtout des solutions pour lutter contre cette conjonctivite allergique.

Qu’est-ce qu’une conjonctivite allergique ?

La conjonctivite allergique affecte une personne allergique, après contact avec un allergène et récidive dès que l’allergène revient. 

Elle affecte les deux yeux (bilatérale) et n’est pas contagieuse

Elle se caractérise par 4 signes principaux :

Elle résulte de la rencontre avec un allergène de manière directe (allergène qui entre dans l’œil par le biais des mains, du vent…) ou de manière indirecte (allergie qui touche l’ensemble du corps et s’exprime, entre autres, par une conjonctivite).

La conjonctivite allergique est une affection très fréquente¹. Sa prévalence exacte est mal étudiée, mais la maladie allergique touche 15 à 20% de la population mondiale et la moitié d’entre eux présentent des manifestations cliniques. 

Chez les adolescents, la fréquence des symptômes allergiques oculaires varierait entre 24 à 42%.

Quelles sont les causes de la conjonctivite allergique ?

Même si la conjonctivite allergique n’est pas unique, ses causes sont globalement uniformes : elle résulte de la rencontre avec un allergène, éventuellement majorée par des facteurs externes.

Causes directes de la conjonctivite allergique : les allergènes

Les causes directes sont les allergènes qui déclenchent la réaction inflammatoire. 

Causes indirectes de la conjonctivite allergique

Ces causes ne déclenchent pas la réaction allergique directement, mais elles peuvent soit la favoriser, soit l’aggraver.

Causes médicales

Certaines fragilités de l’oeil peuvent favoriser la survenue d’une conjonctivite allergique :

Facteurs aggravants

Parmi les agresseurs extérieurs, on peut noter :

Quels sont les différentes formes et symptômes des conjonctivites allergiques ?

La conjonctivite allergique n’est pas unique. On peut en distinguer 6 formes, avec des causes et des symptômes propres à chacune. 

Les 3 premières formes sont souvent regroupées dans la famille des conjonctivites « IgE médiées ».

Conjonctivites IgE médiées

Ce terme médical désigne un phénomène physiologique : l’organisme entre en contact avec un allergène. Pour se défendre, il produit des anticorps : les « immunoglobulines de type E » ou IgE. 

Les conjonctivites IgE médiées sont les plus fréquentes. Elles affectent particulièrement les enfants et les jeunes adultes. 

Elles sont majoritairement associées à d’autres pathologies, elles aussi, fruits de la réaction allergique :

Conjonctivite allergique perannuelle

La conjonctivite perannuelle est une conjonctivite allergique qui s’exprime tout au long de l’année. 

Elle présente peu de symptômes au quotidien, excepté lors d’épisodes aigus où l’inflammation devient plus forte. Cette gêne discrète, mais quasi permanente en est la principale caractéristique. 

Elle se caractérise par :

La sensation de démangeaison est souvent secondaire, voire inexistante. 

On parle de conjonctivite allergique perannuelle devant des signes d’inconfort oculaire qui évoluent depuis plus d’un an, avec des périodes régulières de résurgence des symptômes. 

Les allergènes souvent mis en cause sont les acariens, la poussière, les poils d’animaux… Tous les allergènes présents dans les habitations et côtoyés toute l’année.

Conjonctivite allergique saisonnière

La forme saisonnière de la conjonctivite allergique suit le rythme des saisons et des plantes. Elle connaît une recrudescence au printemps et au début de l’automne. Elle est moins présente en hiver, la majorité des plantes étant en sommeil. 

Elle garde une expression plutôt discrète excepté lors d’épisodes aigües. Elle dure tant que l’allergène est présent

C’est la forme la plus fréquente des conjonctivites allergiques.

Elle s’associe volontiers au « rhume des foins », car elle est en grande partie liée aux pollens qui circulent dans l’air. 

Pour en savoir plus sur l’allergie au pollen, un article entier lui est consacré

Ses deux principaux signes sont :

Ils s’accompagnent de signes plus aléatoires et moins spécifiques (qui peuvent s’apparenter à d’autres problèmes oculaires) :

Conjonctivite allergique aigüe

Cette troisième forme n’en est pas réellement une. Elle n’est que l’expression « aigüe » des deux précédentes. 

En médecine, un phénomène « aigu » s’oppose à la forme « chronique ». 

La conjonctivite allergique aigüe est donc une crise passagère, avec des symptômes exacerbés et bruyants. Elle fait suite à une exposition massive avec l’allergène. 

Elle présente les mêmes symptômes que les conjonctivites saisonnières et perannuelles, dans une version plus intense

Autant, il est possible de négliger (en partie) une conjonctivite saisonnière ou perannuelle, autant leur version aigüe se remarque.

Kératoconjonctivite printanière ou vernale

Cette forme particulière de conjonctivite saisonnière est une pathologie oculaire sévère car elle peut affecter la cornée. 

En Europe, ou elle est plutôt rare, elle touche principalement les jeunes garçons entre 5 et 20 ans, présentant un terrain allergique (eczéma, asthme ou allergies saisonnières). Elle revient au printemps pour disparaître en automne et en hiver. 

Elle est beaucoup plus présente dans les zones climatiques chaudes, où elle touche indifféremment les filles et les garçons.

Elle peut avoir de graves conséquences : 3 à 11%³ des personnes atteintes présentent un ulcère de la cornée et une altération des capacités visuelles est possible. 

Habituellement, les deux yeux sont touchés, mais des atteintes unilatérales sont possibles. 

Elle se caractérise par :

La photophobie est majorée par l’intensité du soleil. Si elle devient trop importante, elle peut être le signe d’une kératite (atteinte de la cornée).

Kératoconjonctivite atopique

La kératoconjonctivite atopique (KCA) est une maladie rare qui touche principalement les jeunes adultes et les enfants. 

Elle est la plus sévère de toutes les conjonctivites allergiques. Elle peut entraîner une altération durable, voire définitive, de l’acuité visuelle. 

Elle se caractérise par une atteinte double, avec inflammation :

Cette double problématique est typique de la maladie, qui est en réalité une expression conjonctivale de la pathologie dermatologique. Mais son diagnostic n’est pas simple. 

Lorsque l’atteinte est simultanée, qui plus est sur les paupières, le diagnostic peut être rapide à poser. Mais la dermatite atopique peut toucher une zone très éloignée des yeux, voire être déjà guérie depuis plusieurs semaines. Le rapprochement entre les deux devient beaucoup moins évident. 

 

Outre ces deux zones touchées, on peut également souligner :

La photophobie et les troubles de la vision sont un signe d’aggravation.

Conjonctivite gigantopapillaire

La conjonctivite gigantopapillaire (CGP) est bien souvent associée au port des lentilles de contact, même si ce n’est pas son seul facteur. 

Elle est le fruit d’une anomalie inflammatoire (mélange entre un mécanisme allergique et une réponse désordonnée de l’organisme). 

Elle se caractérise par :

Cette pathologie affecte plus volontiers les porteurs de lentille de contact et offre un tableau évolutif :

Outre les lentilles de contact, la cause peut également venir des prothèses oculaires,  des suites d’une opération chirurgicale (fils de suture, colle, matériel d’indentation de décollement de rétine…), ou d’une dégénérescence cornéenne. 

La meilleure option thérapeutique reste le retrait de la cause : lentilles de contact ou autre mécanisme.

Comment diagnostiquer une conjonctivite allergique ?

Le diagnostic d’une conjonctivite allergique est généralement simple (excepté les formes complexes, aux signes plus sournois ou difficiles d’interprétation).

Antécédents médicaux

Cette forme de conjonctivite étant le fruit d’une réaction allergique, elle affecte des personnes ayant un terrain allergique. 

Parfois, cette sensibilité à un ou plusieurs allergènes est ignorée. 

L’asthme, des rhinites à répétition, un trouble du sommeil, un eczéma… peuvent être des signes d’alerte. 

Bien souvent, la conjonctivite n’apparaît pas seule. Elle s’associe volontiers à l’une de ces pathologies. La combinaison entre elles est déjà une étape du diagnostic.

Signes cliniques

Sans revenir sur les signes de la conjonctivite, déjà largement évoqués, une atteinte bilatérale, non contagieuse avec un prurit important, doit mettre sur la piste d’une allergie.

Examens complémentaires

Dans les formes simples et non récidivantes, le médecin traitant peut assurer seul le suivi de son patient. 

Dès lors que la conjonctivite allergique revêt un caractère particulier, un accompagnement pluridisciplinaire est souhaité : médecin traitant, allergologue et ophtalmologue. 

L’allergologue conduira entre autres une série d’examens pour déterminer les allergènes responsables de la maladie oculaire. Ce bilan allergologie est une étape indispensable du diagnostic et du traitement de la conjonctivite allergique. 

Pour en savoir plus sur ce bilan allergologie, une page complète leur est dédiée.

Traitement et remèdes naturels contre une conjonctivite allergique ?

Le traitement de toute réaction allergique démarre par l’éviction, si elle est possible de l’allergène. 

Parfois, cette mesure n’est pas suffisante, soit, car l’allergie est trop forte, soit, car l’allergène n’est pas retirable (pollen dans l’air…). Le recours aux anti-histaminiques devient nécessaire. 

Toutes les solutions naturelles et thérapeutiques adaptées au traitement de la conjonctivite allergique sont présentées dans notre article dédié au traitement des conjonctivites.

Quand faut-il consulter un ophtalmologiste ?

Le traitement de la conjonctivite allergique est habituellement simple. Il relève en premier lieu du médecin traitant en lien avec l’allergologue. 

Dans certains cas plus complexes, voire graves, le recours à un ophtalmologue est nécessaire. 

Les signes d’alertes sont :

Comment prévenir la conjonctivite allergique ?

La prévention de la conjonctive allergique est étroitement liée à son mode de traitement. Pour éviter ou soulager une conjonctivite allergique, il faut fuir autant que possible les allergènes. 

Cela passe par :

Pour en savoir plus sur la désensibilisation, retrouvez le sujet qui lui est consacré. 

FAQ

Peut-on avoir une conjonctivite allergique uniquement à un seul œil ?

La conjonctivite allergique touche habituellement les deux yeux. Cependant, ils ne sont pas forcément touchés de la même manière. Le larmoiement, par exemple, est souvent asymétrique : un œil pleure beaucoup plus que l’autre. 

Malgré tout, l’atteinte d’un seul œil est possible dans certaines formes de conjonctivites allergiques.

La conjonctivite allergique est-elle contagieuse ?

La conjonctivite allergique, contrairement aux formes virales et bactériennes, n’est pas contagieuse. Elle n’est que le fruit d’une réaction allergique.

Est-ce que les bébés peuvent avoir une conjonctivite allergique ?

Certains bébés présentent très tôt un terrain allergique. Une conjonctivite allergique est donc parfaitement possible, quel que soit l’âge.

Quelle est la durée d’une conjonctivite allergique ?

La durée dépend de deux facteurs :

Si la personne est traitée pour son allergie et qu’elle répond efficacement à ce traitement malgré la persistance de l’allergène, la crise durera à peine quelques jours. 

Si l’allergie est forte, elle peut durer plusieurs semaines voire s’installer durablement dans le temps (cas de la conjonctivite perannuelle).

Peut-on porter des lentilles avec une conjonctivite allergique ?

La conjonctivite, quelle que soit sa cause, est une inflammation de la muqueuse conjonctive. Pour espérer une guérison rapide, il faut la calmer et la soulager. 

Les lentilles de contact représentent une source d’irritation. Si leur port devient désagréable et douloureux, elles sont peut-être même la cause de cette conjonctivite. 

Le temps de l’inflammation, le retour aux lunettes est préférable. 

Le port des lentilles de contact est contre-indiqué tant que la conjonctivite n’est pas guérie.

Les autres types de conjonctivite

Références / Sources

1. Allergie oculaire, B. Mortemousque, D. Brémond-Gignac. 2015.
https://www.em-consulte.com/em/SFO/2015/html/file_100017.ht

2. Effects of air pollution and climatic conditions on the frequency of ophthalmological emergency examinations, T. Bourcier, C. Viboud,  J-C Cohen, F. Thomas, T. Bury, L. Cadiot, O. Mestre, A. Flahault, V. Borderie, and L. Laroche. 2003.
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1771754/

3. Conjonctivite allergique, Le manuel MSD. 2021.
https://www.msdmanuals.com/fr/professional/troubles-oculaires/troubles-conjonctivaux-et-scl%C3%A9raux/conjonctivite-allergique