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La désensibilisation pour traiter les allergies

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Démangeaisons, nez qui coule, yeux larmoyants, crises d’asthme ou éternuements à répétition sont souvent le quotidien des personnes allergiques. Pour eux, le quotidien peut devenir un véritable enfer lorsqu’aucun traitement ne s’est avéré efficace. Il reste alors une solution : la désensibilisation. Pour les allergies récurrentes, elle est une bouffée d’oxygène.

Désensibilisation contre les allergies : c’est quoi et pour qui ?

Qu’est-ce que la désensibilisation ?

La désensibilisation, ou immunothérapie spécifique, est une méthode utilisée dans l’objectif de rendre une personne tolérante à une substance en administrant des extraits d’allergènes à dose croissante sur une période de plusieurs années afin de stimuler le système immunitaire.

Avant d’envisager ce traitement, la personne allergique est passée par une autre étape incontournable : le bilan allergologique. Ce dernier aura permis d’établir quel(s) allergène(s) sont responsables des symptômes gênants. C’est ce bilan qui permet de choisir la méthode de désensibilisation la plus adaptée :

Si les autres traitements visent à se débarrasser des symptômes qui empoisonnent la vie, ils ne luttent pas contre l’allergie et ne permettent pas de l’éradiquer. La désensibilisation est la seule façon de l’éliminer.

Ce processus vise à exposer l’organisme, régulièrement et par petites doses, à des substances allergènes dans le but de limiter la réponse immunitaire. Pour faire simple, l’organisme apprend à faire avec cette substance, à cohabiter en toute amitié en quelque sorte.

À qui s’adresse-t-elle ?

Elle s’adresse aux personnes ayant déjà réalisé un bilan allergologique et dont 2 substances allergènes au maximum ont été identifiées. En effet, la désensibilisation ne peut pas être envisagée pour les sujets allergiques à 3 facteurs ou plus. Elle ne s’adresse pas non plus aux enfants de moins de 5 ans.

Le point commun de tous ceux qui peuvent bénéficier de ce traitement : ils souffrent de symptômes récurrents tels que des rhinites modérées à sévères, avec ou sans asthme et associées à une conjonctivite allergique. De même pour les eczémas importants ou un asthme persistant liés à l’allergie.

À quel moment faire une désensibilisation ?

Cela peut sembler évident, mais il convient de rappeler que pour débuter une désensibilisation, il est fondamental que l’allergie ait été diagnostiquée de façon formelle et qu’une simple éviction du facteur déclenchant ne soit pas suffisante. Hormis une allergie aux venins d’hyménoptères, cette mesure n’est jamais prise en urgence.

Elle doit débuter lorsque les symptômes allergiques sont terminés, que la phase inflammatoire a cessé. Pour les allergies au pollen par exemple, elle peut commencer 3 à 4 mois avant la saison pollinique incriminée.

Les enfants de moins de 5 ans ne sont pas concernés par ce procédé, même si la désensibilisation sublinguale semble assez bien tolérée par les enfants de 3 et 4 ans.

Quelles sont les allergies accessibles à la désensibilisation ?

La plupart des allergies peuvent être traitées par une immunothérapie spécifique (ITS) :

Il manque une catégorie, celle des allergies de contact. La désensibilisation n’est pas accessible à ce type d’allergènes.

Comment se déroule la désensibilisation d’allergies ?

La thérapie par injections sous-cutanées a longtemps été la norme en matière de désensibilisation. On lui préfère aujourd’hui la voie sublinguale, mieux tolérée, moins contraignante et réalisable à domicile. Toutefois, elle n’est pas toujours possible.

Les injections sous-cutanées

Pour ce choix, le médecin procède à des injections au niveau du bras. Les premiers temps, une injection est faite une fois par semaine, puis une fois tous les 15 jours, pour passer à une injection toutes les 4 à 6 semaines en fin de protocole. La voie injectable est la seule voie possible en cas d’allergie aux venins d’hyménoptères. Elle n’est d’ailleurs utilisée presque que dans ce cas. 

Les injections sous-cutanées sont faites sous surveillance médicale et sont réalisées par un médecin ou une infirmière. Des aiguilles dotées de très fines aiguilles sont utilisées et l’injection peut être désagréable, mais pas douloureuse. 

Les études sur ce mode de désensibilisation sont complètes, car elle est la plus ancienne. Elles montrent une efficacité certaine.

La voie sublinguale

Elle est désormais appliquée dans 80 % des cas. Totalement indolore, elle peut être prise depuis son domicile, sans surveillance médicale lors des ingestions et elle est bien tolérée. De fait, elle est bien moins contraignante que la voie injectable. Le protocole précis est défini en amont par l’allergologue : il reste ainsi à absorber par voie sublinguale (sous la langue) les gouttes ou les comprimés prescrits.

Ces doses, aussi appelées APSI (allergènes préparés spécialement pour un individu), augmentent un peu chaque jour.

Que l’ITS se fasse par voie injectable ou sublinguale, un traitement s’étalant sur 3 à 5 ans est nécessaire. Si le protocole est stoppé avant minimum 3 ans, il risque de ne pas être efficace et les symptômes peuvent alors réapparaître.

Notons que la désensibilisation aux venins d’hyménoptères peut durer plus de 5 ans.

La désensibilisation est-elle efficace ? Combien de temps durent ses effets bénéfiques ?

L’efficacité de l’ITS² se constate généralement après 6 mois à 1 an de traitement.

Conduite dans de bonnes conditions et suivie scrupuleusement, les études de l’OMS (Organisation mondiale de la santé) démontrent une bonne efficacité de ce protocole, en particulier en cas de rhinite allergique ou d’asthme allergique modéré aux acariens, aux pollens ou aux allergies aux poils de chat.

Un taux d’efficacité de 95 % est retrouvé pour les piqûres de guêpes et de 80 % pour les piqûres d’abeilles. Une belle réussite lorsque l’on sait qu’elles peuvent être mortelles !

Une étude³ faite chez les enfants souffrant d’asthme allergique aux acariens révèle que 10 ans après l’arrêt du protocole, il existe encore une efficacité.

Même si elle n’est pas durable à vie, les patients ayant bénéficié d’une immunothérapie spécifique voient leurs symptômes disparaître et leur vie s’améliorer durant plusieurs années.

Existe-t-il des risques ou des contre-indications liés à la désensibilisation allergique ?

Les risques, ou effets secondaires

Par définition, des doses d’extraits allergènes sont données à des personnes allergiques. De fait, une certaine prudence est nécessaire. Les protocoles par voie injectable doivent obligatoirement se faire sous contrôle médical. Cependant, par voie injectable ou sublinguale, des effets secondaires peuvent être constatés :

Si les effets secondaires sont trop importants, ce qui est très rare, le médecin peut prendre la décision de stopper le protocole.

Les contre-indications

Certaines sont définitives, c’est-à-dire sans appel :

D’autres sont dites relatives :

Quel est le prix de la désensibilisation d’allergies, est-elle remboursée ?

La consultation préalable chez un médecin spécialiste est remboursée par la Sécurité sociale à hauteur de 70 % du tarif de base. Le reste à charge peut être ou non remboursé par la mutuelle si le patient en possède une.

Le remboursement en cas d’ITS par voie injectable

Un édit du 29 mars 2019⁴ publié au Journal officiel a mis fin au remboursement des immunothérapies spécifiques par voie injectable. Ce déremboursement est entré en vigueur le 29 mai de la même année.

Le remboursement en cas d’ITS par voie sublinguale

Le remboursement pour les APSI était autrefois de 65 %. Il est passé à 30 % depuis le décret du 7 juin 2018⁵ pour les gouttes sublinguales et à 15 % pour les comprimés.

L’HAS (Haute autorité de santé) révise ces taux généralement tous les 5 ans, en fonction du résultat des études réalisées sur ces désensibilisations.

FAQ

Comment savoir si je peux bénéficier d’une désensibilisation ?

Ce n’est pas à vous de choisir ce traitement. C’est en effet votre allergologue qui prendra cette décision, en fonction de vos résultats aux bilans allergologiques.

Toutes les allergies peuvent-elles être traitées par l’ITS ?

Vous l’avez vu, seules les allergies de contact ne sont pas accessibles à cette thérapie. Pour ce qui est des allergies alimentaires et médicamenteuses, les indications sont réduites. 

La désensibilisation à un allergène peut-elle prévenir une allergie à un autre allergène ?

Des études⁶ ont montré que chez des enfants ayant été traités de cette façon contre les acariens, une diminution de nouvelles sensibilisations à d’autres pneumallergènes était avérée. Pourquoi ? Tout simplement parce que le protocole d’ITS modifie le terrain immunitaire.

Les autres désensibilisations possibles

Références / Sources

1. [Wasp and bee venom allergy]. A C Knulst, F de Maat-Bleeker, C A Bruijnzeel-Koomen. 1998.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/9623183/

2. Long-term efficacy of the sublingual and subcutaneous routes in allergen immunotherapy. Martin Penagos, Stephen R Durham. 2022.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/35818157/

3. Recommandations de la Société de Pneumologie de Langue Française sur « Asthme et Allergie ». I. Tillie-Leblond. 2007.
https://splf.fr/wp-content/uploads/2014/07/ast_all_2007_txtlong.pdf

4. Arrêté du 26 mars 2019 mettant fin à la prise en charge par l’assurance maladie des allergènes préparés spécialement pour un seul individu administrés par voie injectable sous-cutanée
https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000038283967

5. Décret n° 2018-445 du 4 juin 2018 modifiant les conditions de prise en charge par l’assurance maladie des allergènes préparés spécialement pour un seul individu
https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000037002297

6. Désensibilisation et nouvelles thérapeutiques. Quelles avancées ? André-Bernard Tonnel. 2005.
https://www.academie-medecine.fr/desensibilisation-et-nouvelles-therapeutiques-quelles-avancees/