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Tout ce qu'il faut savoir sur la blépharite
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Parfois associée à d’autres pathologies, la blépharite est une inflammation de la paupière. Malgré son aspect bénin, elle peut gêner les personnes qui en sont porteuses et nécessite d’être traitée. Généralement aiguë, elle peut cependant devenir chronique et récidiver. Bien la diagnostiquer, la traiter est important. Il existe également quelques astuces pour la prévenir.
Qu’est-ce que la blépharite ?
Rôles importants des paupières
Les paupières ont un rôle essentiel, celui de protéger notre œil, organe fragile par excellence. Elles sont une barrière défensive permettant de le protéger contre les agressions extérieures. Elles agissent principalement de 3 manières, toujours grâce à leur faculté de pouvoir se rabattre sur l’œil :
- lutte contre la sécheresse oculaire en apportant une hydratation constante et une hygiène de la cornée ;
- la protection contre les éléments extérieurs (sable, poussière, pollution…) ;
- le blocage de la lumière du jour, notamment durant le sommeil.
Les glandes de Meibomius
Localisées dans l’épaisseur des paupières, au bord de la racine des cils, les glandes de Meibomius¹ sécrètent un mélange lipidique (huileux), le meibum. Ce liquide se mêle aux larmes et assure l’hydratation permanente de l’œil. Il permet également de limiter l’évaporation trop rapide de ces dernières et garantit un parfait glissement de la paupière sur le globe oculaire.
Définition de la blépharite
La blépharite est une inflammation de la paupière, du bord de la paupière pour être plus précis. Elle concerne la peau fine de la paupière, les cils ou même les glandes Meibomius. Si elle est tout d’abord aiguë, des récidives peuvent être récurrentes : la blépharite devient alors chronique. Elle a principalement 2 origines : infectieuse ou allergique.
Quels sont les différents types de blépharites ?
Elles sont classées en 2 grandes catégories.
La blépharite antérieure
L’infection est dite antérieure lorsqu’elle touche la base des cils. Dans ce cas, elle peut être :
- infectieuse : l’infection est généralement due à un staphylocoque ou un herpès virus. Elle peut aussi, plus rarement, être d’origine fongique (c’est-à-dire due à un champignon) ;
- séborrhéique : causée par une accumulation de sébum ;
- parasitaire.
La blépharite ultérieure
Elle est dite ultérieure ou postérieure lorsqu’elle touche les glandes de Meibomius et affecte leur bon fonctionnement.
Quelles sont les causes de la blépharite ?
Les causes établies
Cette infection de la paupière peut être due à différentes causes. Citons par exemple :
- une infection bactérienne ou virale : elle provoque ce que l’on appelle une blépharite ulcéreuse aiguë. La cause bactérienne par staphylocoque est la plus fréquente ;
- un germe : notre flore est constituée de bactéries et d’acariens divers, ce qui est tout à fait normal. Cependant, dans le cas de la blépharite, on retrouve parfois une prolifération anormale d’un germe : le Demodex folliculorum ;
- un terrain allergique : la réaction allergique entraîne une blépharoconjonctivite saisonnière. Elle peut être due aux pollens, à la poussière ou à l’utilisation de certains produits cosmétiques par exemple ;
- des antécédents de chirurgie oculaire (chirurgie de la cataracte, chirurgie réfractive…) : elle peut être un facteur de risque de l’infection. Tout simplement parce que ces interventions entraînent parfois une diminution du clignement des yeux et par conséquent une baisse de l’hydratation ;
- des pathologies associées telles que les troubles hormonaux, le psoriasis, la rosacée, l’atopie, la dermite séborrhéique et plus étonnement dans des cas très rare de traitement contre des pathologies inflammatoires de l’intestin telles que la maladie de Crohn² ;
- un temps prolongé devant les écrans ;
- la prise de certains médicaments est également mise en cause : contraceptifs oraux, antiandrogènes, antiacnéiques, antidépresseurs, antipsychotiques ou encore antihistaminiques ;
- une production excessive de sébum : la cause peut être une production excessive par les glandes de Meibomius ou une mauvaise hygiène. Cette cause est toutefois peu rencontrée.
Étude entre le kératocône et la survenue d’une blépharite
Ajoutons à toutes ces causes qu’une étude israélienne³ semble établir que les personnes atteintes de kératocône ont plus de risque de développer une blépharite.
Lien entre kératocône et blépharite :
Même si les 2 pathologies semblent distinctes, un lien semble les unir. Une étude israélienne a montré que les participants atteintes de kératocône ont plus de risque de développer une blépharite : 24 % contre 2,8 % pour les sujets sains. D’autres constats ont été faits durant cette étude : les sujets souffrant de kératocône se frottent régulièrement les yeux, chaque jour et disent avoir les yeux fatigués et rouges. Voici pour ce qui est de l’analyse à l’œil nu.
Un examen oculaire des sujets malades et des sujets sains retrouve un dysfonctionnement des glandes de Meibomius plus fréquemment chez les sujets atteints de kératocône.
La conclusion est la suivante : la progression de cette atteinte semble accélérée par la présence de la blépharite.
Quels sont les symptômes de la blépharite ?
Au début, elle peut passer inaperçue. Cependant si elle n’est pas traitée et qu’elle s’aggrave, des symptômes plus visibles apparaissent :
- inflammation de la paupière ;
- ulcération du bord de la paupière ;
- rougeurs ;
- démangeaisons ;
- sécheresse oculaire qui peut être importante avec parfois une difficulté à ouvrir les yeux au réveil ;
- croûtes à la base des cils ;
- impression de corps étrangers dans l’œil ;
- sensation de brûlures ophtalmiques ;
- orgelets à répétition.
Comment attrape-t-on une blépharite ?
L’infection bactérienne étant la plus courante, une question reste entière : “Comment attrape-t-on une blépharite ?”.
Les streptocoques sont les plus régulièrement mis en cause : Staphylococcus aureus, Staphylococcus épidermidis, les corynébactéries et les Propionibactréries. Ils peuvent avoir été contractés par un manque d’hygiène, des produits cosmétiques qui ne sont pas propres ou une pose d’extension de cils qui n’aurait pas respecté de bonnes conditions d’hygiène. Les croûtes que peut provoquer la blépharite sont alors à différencier des poux de cils qui peuvent également être contractés lors d’une pose de cils douteuse.
La cause virale peut être évoquée lors d’une rencontre avec un herpès virus : virus herpes simplex, zona, varicelle.
L’infection à Demodex évoquée plus tôt est elle aussi à évoquer. La prolifération de ces acariens dans les risques de chronicisation de la blépharite est toujours sujette à controverse. Si certains pensent qu’il n’est en rien responsable de la chronicité de l’infection, des études semblent pourtant démontrer le contraire⁴.
Deux types de demodex ont été mis à jour⁵ :
- le Demodex folliculorum est principalement mis en cause dans les blépharites antérieures ;
- le Demodex brevis quant à lui est surtout incriminé dans les blépharites postérieures. Une atteinte des glandes de Meibomius et une kératoconjonctivite y sont associées.
Les acariens Demodex semblent bel et bien incriminés dans certaines blépharites. De fait, et dès lors que la présence de l’acarien est démontrée, il convient de traiter le sujet. De nombreux traitements ont prouvé leur efficacité⁶ dans les blépharites à Demodex.
Notons ici que l’infection par Demodex fait partie des blépharites parasitaires au même titre que les infections dues à des parasites ciliaires tels que les poux de cils. Ici aussi, un traitement est indispensable.
Diagnostic : comment détecter une blépharite ?
Un examen minutieux de la paupière est indispensable pour réaliser le diagnostic. Une inspection à l’œil se fait dans un premier temps par un médecin ou un ophtalmologue.
D’autres examens peuvent ensuite être nécessaires pour confirmer le diagnostic :
- mise en culture après écouvillonnage de la zone infectée ;
- tests de sensibilisation ;
- un examen à la lampe à fentes⁷ ou biomicroscopie ;
- interférométrie afin de vérifier la qualité des larmes ;
- examen des glandes de Meibomius pour vérifier s’il y a une atrophie ou non. Cet examen est appelé méibographie. Il se pratique en particulier lorsqu’une sécheresse oculaire est associée. En effet, l’atrophie de ces glandes peut engendrer une difficulté à évacuer le liquide nécessaire à l’hydratation oculaire.
Traitement, remèdes de grand-mère : comment soigner une blépharite ?
Traitements traditionnels pour traiter la blépharite
Le choix du traitement dépend en grande partie de la cause de l’infection.
Dans le cas d’une infection bactérienne (staphylocoques), le traitement repose sur des antibiotiques. Pour une infection virale (herpès, zona), le médecin prescrira des antiviraux.
La blépharite allergique répondra particulièrement bien à un traitement à base d’antihistaminiques.
Des traitements locaux existent également. Ils peuvent être utilisés seuls ou en association avec les traitements oraux vus précédemment. Citons par exemple les pommades antibiotiques ou les collyres. Le sterdex est un des traitements principaux de l’infection. Cette pommade ophtalmique est particulièrement recommandée, car elle contient un anti-inflammatoire (de la famille des corticoïdes) et un antibiotique (de la famille des cyclines).
Remèdes de grand-mère et astuces
Les remèdes de grand-mère ont également toute leur utilité en cas de blépharite. De plus, ils ne nécessitent pas d’ordonnance :
- massage des paupières : le massage permet d’évacuer les lipides excédentaires (contenues dans le meibum) des glandes de Meibomius, mais également de soulager la douleur. Pour cela, massez délicatement la base de la paupière supérieure et inférieure en formant de petits cercles. Prenez soin de réaliser ce massage avec des mains propres ;
- compresses chaudes. La chaleur de l’eau contenue permet de faire fondre les bouches de meibum et faciliter leur évacuation ;
- homéopathie : le Calcarea Sulfurica et l’Ambrosia Artemisiaefolia sont particulièrement recommandés pour ce type d’infection ;
- l’huile de ricin qui est un anti-inflammatoire ;
- le miel pour son action antibactérienne ;
- le vinaigre de cidre de pomme est un excellent anti-inflammatoire : mélangez une cuillère à soupe de ce vinaigre dans une tasse d’eau minérale tiède. Trempez des compresses ou un coton dans cette solution puis appliquez sur les paupières fermées ;
- enfin si le traitement est en bonne voie, n'hésitez pas à faire un lavage oculaire.
L’essence de Tea Tree : particulièrement efficace ?
Là encore, il existe des controverses et assez peu de documentations et d’études, il faut le dire. Cependant, dans celles réalisées, l’huile d’arbre à thé semble efficace dans les cas de blépharites induites par la présence de Demodex.
Comment utiliser l’huile de Tea Tree ?
Elle peut être utilisée dans l’hygiène des paupières et/ou lors d’une infestation par Demodex. Ces vertus antiseptiques en font un bon allié dans la lutte contre la blépharite.
Attention cependant à bien l’utiliser : elle ne doit jamais être appliquée pure sur la peau. Comme toutes les essences, elle est très puissante et doit donc être diluée.
Le mélange est très simple à réaliser : elle est à diluer dans 95 % d’eau minérale. Une fois le dosage fait, il suffit d’y plonger une compresse, un coton ou un coton-tige puis de l’appliquer sur les cils à partir de leur base. Il peut également être utilisé en massage.
Études de données sur l’efficacité de l’essence de Tea Tree
Comme expliqué en préambule, les études sur ce sujet sont rares et soumises à controverses. Cette dernière est notamment due au fait que la plus grande étude réalisée s’est faite dans différents pays et avec différents protocoles. Elle a été publiée en juin 2020 dans la revue Cochrane Database. Pour des analyses précises, il est normalement nécessaire d’avoir recours à un seul protocole parfaitement établi et respecté par tous les participants.
Cette étude⁸ a été menée avec 6 ECR (essais contrôlés randomisés) permettant de comparer l’arbre à thé à d’autres traitements ainsi que l’arbre à thé sans autre traitement. Elle se compose de 562 participants dans les pays de la Corée, la Chine, l’Australie, les États-Unis, la Turquie et l’Irlande. Tous les sujets choisis sont atteints de blépharite par Demodex et ont de 39 à 55 ans.
La conclusion de cette étude montre une efficacité de l’arbre à thé sur l’infection. Toutefois, il existe une marge d’erreur. En effet, certains participants ont reçu dans le même temps d’autres traitements et les protocoles n’étaient pas strictement les mêmes pour tous.
Une évidence s’est tout de même détachée : il convient d’utiliser de faibles concentrations d’huile essentielle afin d’éviter une irritation locale de l’œil.
Prévention : comment éviter la blépharite ?
S’il n’est pas possible d’agir sur tous les facteurs de risques de l’infection, il existe cependant quelques solutions pour l’éviter :
- avoir une bonne hygiène ;
- bien se démaquiller chaque soir ;
- éviter les produits cosmétiques trop gras qui pourraient obstruer les pores des glandes de Meibomius ;
- nettoyer régulièrement ses accessoires de maquillage ;
- utiliser des larmes artificielles en cas de début de sécheresse oculaire. Ces solutions ne nécessitent pas d’ordonnance médicale ;
- ne pas toucher ses yeux avec les mains sales ;
- procéder à un lavage de main minutieux lors de la mise en place ou du retrait de lentilles de contact ;
- adoptez une alimentation riche en oméga 3 qui contribue à un fonctionnement optimal des glandes de Meibomius ;
- traiter l’infection dès son apparition, en particulier en cas de blépharite chronique.
FAQ
Combien de temps dure une blépharite ?
L’infection de la paupière dure généralement entre 7 et 10 jours.
Que faire en cas de blépharite à répétition ?
Il conviendra de consulter un médecin, voire un ophtalmologue afin de comprendre pourquoi l’infection récidive et s’assurer que les glandes de Meibomius fonctionnent correctement par exemple. Il est également nécessaire de respecter les règles de prévention précitées.
Le coronavirus peut-il avoir un lien avec la blépharite ?
La sécheresse oculaire est un terrain favorable pour les infections. Or, des études ont montré⁹ que le port du masque durant l’épidémie de coronavirus favorise la sécheresse de l’œil. En effet, l’air expiré par la bouche ou le nez remonte le long du masque pour s’échapper vers les yeux. C’est un peu comme si un ventilateur soufflait en permanence dans l’œil.
Blépharite ou orgelet, comment faire la différence ?
Il est parfois difficile de faire la différence entre un orgelet et une blépharite, les deux entraînant une gêne et une rougeur au niveau de la paupière. Or, l’orgelet ressemble davantage à un petit furoncle. Le gonflement qu’il entraîne présente en son centre un point blanc. Il est généralement localisé sur un cil et non sur toute la paupière. L’orgelet est toujours d’origine bactérienne.
Blépharite ou chalazion, quelle différence ?
Là encore, il n’est pas toujours simple de faire la différence. De plus, le chalazion est souvent confondu avec l’orgelet. Pourtant, s’ils présentent des similitudes, ils ne sont pas semblables. Le chalazion est une inflammation au niveau des glandes de Meibomius uniquement. L’accumulation d’huile qui ne parvient plus à s’évacuer crée une petite boule qui ne présente pas de point blanc.
Conjonctivite ou blépharite, comment faire la différence ?
La blépharite touche la paupière alors que la conjonctivite touche la conjonctive de l’œil. Cette dernière est en fait la membrane qui tapisse l’intérieur des paupières et le blanc de l’œil. Dans le cas d’une conjonctivite, la rougeur typique de l’infection sera observée dans le blanc de l’œil également, et non seulement sur la paupière.
La blépharite est-elle contagieuse ?
Non, la blépharite n’est pas contagieuse.
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Références / Sources
1. [Revisiting meibomian gland dysfunction], C. Baudouin. 2014.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/25455142/
2. Blépharite inflammatoire paradoxale sévère au cours d’une maladie de Crohn traitée par anti-TNF alpha, Ines Chircop, Damien Guindolet, Charlotte Zeller, Maxime Battistella, Christine Martinez-Vinson, Emmanuelle Bourrat. 2021.
https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S2667062321005638
3. The association of keratoconus with blepharitis, Dina Mostovoy, Shlomo Vinker, Michael Mimouni, Yakov Goldich, Shmuel Levartovsky, Igor Kaiserman. 2018.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29232760/
4. [Blepharitis due to Demodex: myth or reality?], B. Kamoun, M. Fourati, J. Feki, M. Mlik, F. Karray, A. Trigui, S. Ellouze, B. Hammami, M. Chaabouni, A. Ayadi. 1999.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/10417910/
5. Pathogenic role of Demodex mites in blepharitis, Jingbo Liu, Hosam Sheha, Scheffer C. G. Tseng. 2010.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/20689407/
6. Efficacy of treatments for Demodex blepharitis: A systematic review and meta-analysis, Valentin Navel, Aurélien Mulliez, Cédric Benoist d’Azy, Julien S Baker, Jean Malecaze, Frédéric Chiambaretta, Frédéric Dutheil. 2019.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/31229586/
7. Essentials of slit lamp biomicroscopy, D. B. Kercheval, J. E. Terry. 1977.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/925298/
8. Tea tree oil for Demodex blepharitis, Keyur Savla, Jimmy T Le, Andrew D Pucker. 2020.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32589270/
9. Face Mask-Associated Ocular Irritation and Dryness, Majid Moshirfar, William B. West Jr. & Douglas P. Marx. 2020.
https://link.springer.com/article/10.1007/s40123-020-00282-6