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Marisques : causes, symptômes et solutions ?

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Parmi les causes des démangeaisons anales, la marisque est une atteinte méconnue du grand public, et pourtant fréquente. C’est une petite excroissance de peau située au niveau de l’anus.

Elle est sans gravité et n’a pas de caractère évolutif, mais elle peut entraîner une gêne principalement psychologique ou esthétique. Une fois installée, elle n’a pas de traitement, si ce n’est son retrait chirurgical. 

Présentation des causes et des solutions pour lutter contre les marisques.

Définition : qu’est-ce qu’une marisque ?

En latin, marisca signifie « figue, fruit du figuier ». La marisque anale emprunte à cette étymologie. C’est un petit repli de peau, semblable à une figue par son caractère fripé, qui pend de la marge anale. Tel ce fruit, elle peut se cueillir ou se laisser sécher sur l’arbre. En d’autres termes, elle peut être retirée par une opération chirurgicale, ou oubliée à sa place. 

Cette boule au niveau de l’anus est sans gravité et reste majoritairement asymptomatique. 

Il peut y avoir une ou plusieurs marisques au niveau de l’anus. 

La taille des marisques est souvent fantasmée, mais elles sont majoritairement toutes petites. Elles varient de quelques millimètres à 1 ou 2 centimètres pour les plus volumineuses. 

Plus elles sont nombreuses et grosses, plus elles peuvent être gênantes.

Quels sont les symptômes des marisques ?

En tant que telles, les marisques ne présentent pas de symptômes. Si elles en ont trop, il faut s’interroger sur l’existence d’une pathologie sous-jacente.

Trouble hygiénique

Le tour de l’anus est fait pour être plat. Ainsi, quelle que soit la consistance des selles, il sera facile à maintenir propre. 

La marisque vient perturber cet équilibre. Plus elles sont volumineuses ou nombreuses, plus elles viennent compliquer l’essuyage et le nettoyage de la marge anale.

L’anus étant une zone chaude et humide, la persistance de selles favorise la macération. 

En conséquence, la personne ressent :

Ce sont les seuls symptômes physiques d’une marisque. Les autres troubles sont soit sexuels ou psychologiques, soit liés à une autre pathologie préexistante. 

Trouble esthétique, psychologique et sexuel

La présence de cette excroissance de peau autour de l’anus est décrite par certains comme un trouble psychologique. 

Lorsque son apparition est une conséquence de la grossesse, elle s’ajoute aux autres bouleversements de son corps et peut être très mal vécue par la jeune maman.

Si elle est volumineuse, elle peut également être perçue comme une gêne sexuelle

L’altération de l’image de soi ne doit pas être prise à la légère. Chez certaines personnes, elle justifiera le retrait chirurgical de la marisque.

Douleur et œdème

Dans certains cas, la marisque continue de grossir et devient œdémateuse (gonflée) ou douloureuse. 

Ces symptômes sont atypiques pour une marisque et nécessitent de rechercher une éventuelle pathologie sous-jacente :

Quelles sont les causes des marisques anales ?

Hémorroïdes

La maladie hémorroïdaire, couramment appelée hémorroïde, est une inflammation des vaisseaux présents au niveau de l’anus et du rectum. Dans certains cas, un caillot se forme dans la veine hémorroïdaire. Elle s’inflamme, gonfle et sort (se prolabe) de la marge anale. On parle alors de thrombose hémorroïdaire externe. Au moment où l’inflammation se calme, le bout de vaisseau sanguin qui était sorti peut se retrouver coincé en dehors de l’anus et se flétrir. La marisque apparaît. 

Cette thrombose hémorroïdaire externe est la cause principale des marisques.

Grossesse

L’imprégnation hormonale durant la grossesse favorise plusieurs facteurs qui, par ricochet, augmentent de risque de développer une marisque : 

La constipation est un trouble fréquent de la grossesse, surtout au cours du 1er et du 3e trimestre. Un tiers des femmes enceintes¹ est susceptible d’être touché. 

En parallèle, les muscles et tendons autour de l’anus sont plus relâchés et les vaisseaux hémorroïdaires distendus par l’effet des hormones de grossesse. 

Ces deux phénomènes (relâchement des tissus et constipation) augmentent considérablement le risque de développer une maladie hémorroïdaire, qui conduira à la marisque. 

20% des thromboses hémorroïdaires se forment au moment de l’accouchement ou peu après. Elles peuvent rester inconnues et n’être redécouvertes qu’une fois devenues des marisques.

Fissure anale

La fissure anale est une déchirure cutanée autour de l’anus qui survient majoritairement après un épisode de constipation. Si sa cicatrisation n’a pas été rapide, elle devient aisément chronique et récidivante

Les cicatrisations successives forment un capuchon de chair à l’entrée de l’anus : la marisque.

Maladie de Crohn anale

Une marisque douloureuse et toujours œdémateuse peut être le signe d’une maladie de Crohn. 

Cette pathologie inflammatoire intestinale chronique peut toucher n’importe quelle zone du tube digestif, de la bouche jusqu’à l’anus. 50% des personnes² atteintes par cette maladie auront des symptômes anaux. 

Dans le cadre de la maladie de Crohn, on parle de pseudo-marisques inflammatoires.

Condylomes

Les condylomes sont des sortes de verrues génitales dues aux Papillomavirus Humain (HPV). Elles sont très contagieuses.

Le lien entre condylome et marisque est double :

Causes cancéreuses

La marisque est une atteinte bénigne. Mais certains cancers peuvent provoquer une marisque ou donner des signes s’en approchant.

Seul un examen médical permet de faire le diagnostic. Toute marisque continuant à évoluer doit être montrée à un médecin.

Quels traitement ou remède de grand-mère contre une marisque ?

La marisque, une fois installée, ne se résorbe pas toute seule et n’a pas de traitement autre que la chirurgie ou la cryothérapie. Par contre, il existe des solutions naturelles pour prévenir l’apparition d’une marisque et éviter qu’elle ne se forme. 

Il faut simplement noter que l’excès de laxatif, tout comme des soins de siège excessifs, peuvent favoriser l’apparition d’une marisque.

Prévenir l’apparition d’une marisque

Prévenir l’apparition d’une marisque revient à éviter tous les facteurs déclenchants, en particulier la constipation, les hémorroïdes et les fissures anales.

Ce ne sont ici que quelques indications. Toutes les solutions préventives et curatives naturelles sont développées dans notre article traitant de la maladie hémorroïdaire.

Mesures hygiénodiététiques

Certaines mesures hygiénodiététiques peuvent être adoptées :

Remèdes naturels et huiles essentielles

Parmi les remèdes naturels, le vinaigre de cidre a des propriétés anti-inflammatoires intéressantes. Dilué sur une compresse ou en glaçon, il aide à faire dégonfler l’œdème des veines hémorroïdaires et à résorber une éventuelle thrombose externe. 

Concernant les huiles essentielles, celles d’estragon, de basilic ou de gingembre peuvent soulager une constipation. L’huile essentielle d’hélichrysum italienne ou la menthe poivrée sont utiles face à une crise d’hémorroïdes.

Traitement homéopathique

Certains traitements homéopathiques sont efficaces pour prévenir les marisques. Il n’existe pas non plus de solution curative. 

La prévention s’adapte aux causes (hémorroïdes, fissure anale, constipation) et à la manière très précise dont elles s’expriment (hémorroïdes externes ? Qui saignent ? Selles dures ou bouchon intestinal ? Fissure ancienne ? Suintante ?…). 

Après examen, un médecin homéopathe pourra prescrire la solution homéopathique la plus adaptée. 

Parmi elles, on retrouve Nux vomica (constipation et hémorroïdes), Mercurius corrosivus (constipation), Paeonia (hémorroïdes et fissures anales).

Traitements locaux : crèmes et suppositoires

Selon la localisation de l’atteinte autour de l’anus, des suppositoires ou des crèmes peuvent être utilisés pour leurs actions :

Solution thérapeutique : retirer une marisque gênante

La seule solution thérapeutique face à une marisque est son ablation soit de manière chirurgicale, soit par la cryothérapie. 

La marisque n’étant pas évolutive et n’ayant pas de caractère de gravité, son retrait dépend :

Cryothérapie

La cryothérapie consiste à « tuer » la marisque par le froid.

De l’azote liquide est envoyé sur la zone à traiter. La marisque gonfle, se gorge de plasma puis suinte et se nécrose. 

Elle provoque une douleur qui dure 15 à 30 minutes et est prévenue par la prise d’un antalgique en amont. 

Cependant, ce geste peut être délicat et provoquer par complication des douleurs importantes ou une atteinte des tissus sains. La cryothérapie doit être réservée aux petites marisques et la chirurgie lui est presque systématiquement préférée.

Exérèse chirurgicale

La marissectomie (ablation de la marisque) est un geste simple. 

Elle peut être faite par un proctologue au sein de son cabinet médical, sous anesthésie locale. Le médecin utilise un bistouri électrique et la cicatrisation se fait en quelques jours.

En cas de pathologie associée, de marisques nombreuses ou d’atteintes internes, l’intervention se fait au bloc opératoire, sous anesthésie locale ou générale, par un proctologue ou un chirurgien viscéral. 


Les complications ne sont pas fréquentes, mais peuvent exister :

L’ablation des marisques, lorsqu’elle est esthétique ou de confort, n’est pas remboursée par la sécurité sociale. Son coût varie entre 200 € et 1000 € environ, dont une partie peut être financée par les mutuelles. 

Si le retrait de la marisque intervient dans le cadre d’une intervention plus globale (traitement d’hémorroïdes récidivantes, atteinte du rectum ou de l’anus…), une prise en charge par la sécurité sociale est parfois possible.

Existe-t-il un risque en cas de marisque ?

La marisque en tant que telle est sans gravité. Sa principale complication serait le développement d’une atteinte cutanée (eczéma, dermatite atopique ou lésions de grattages en pourtour de l’anus) à cause d’un défaut d’essuyage, de la macération ou de démangeaisons trop intenses. 

Cependant, une atteinte au niveau anal provoque souvent une gêne qui freine la volonté de la montrer à un médecin. Le risque majeur d’une marisque serait de passer à côté d’un autre diagnostic :

Si une marisque gonfle ou devient douloureuse, il est probable qu’elle soit l’expression ou la réactivation d’une de ces pathologies sous-jacentes. 

Qui consulter en cas de marisque et à quel moment ?

En cas de doute, de gêne importante ou de signes associés (douleur, œdème, saignements, perte de poids ou d’appétit), il convient d’aller consulter un médecin. 

Les atteintes colorectales peuvent relever de plusieurs compétences et peuvent faire l’objet d’un accompagnement pluridisciplinaire :

FAQ

Une marisque peut-elle disparaître ?

Hélas non, pas toute seule ! Une fois en place, seule une opération chirurgicale peut permettre le retrait de la marisque. 

Une marisque peut-elle grossir ?

Une marisque peut grossir si elle est réactivée ou réveillée par une autre problématique. Il faut donc trouver la cause. 

Peut-on percer ou enlever soit même une marisque ?

Non plus ! La peau autour de l’anus est très innervée et toute intervention dans cette zone est rapidement douloureuse, même lorsqu’elle est conduite par un professionnel de santé. 

Au-delà de la douleur, la zone anale est en contact avec des selles. Le risque infectieux est donc important. 

Enfin, titiller la zone risque de relancer un processus inflammatoire pouvant conduire à réactiver la cause initiale de la marisque… et en créer des nouvelles. 

Le proctologue est un spécialiste de la zone colorectale. Il n’y a aucune gêne à solliciter son avis.

Références / Sources

1. Changes in bowel function: pregnancy and the puerperium, Derbyshire EJ, Davies J, Detmar P. 2007.
https://europepmc.org/article/med/17211700

2. Traitement des lésions anopérinéales de la maladie de Crohn, SNFCP, Dr Agnès Senéjoux. 2008.
https://www.snfcp.org/informations-maladies/maladie-de-crohn-rch/traitement-lesions-anoperineales-de-maladie-de-crohn/